«Parce que danser est le propre de l’homme», pour paraphrase Rabelais. Toutes les époques dansent. En Europe, particulièrement lors de la période baroque – délicieusement qui plus est (à noter, chez Bach, l’usage de danses stylisées, voire cryptées, jusque dans la musique sacrée, notamment les Passions). La danse occupe en France une place centrale depuis que Catherine de Médicis a rejoint la Cour en 1533. On s’adonne en public, hommes et femmes, à la danse baroque que l’on nomme alors «la belle danse». Quant à Louis XIV, sa pratique effrénée de la danse, dont il crée l’Académie royale en 1661 (jusqu’à en faire un usage politique), lui est transmise dès son plus jeune âge, guidé par les meilleurs maîtres de son temps. De Louis, ne disait-on pas qu’il avait les plus belles jambes du monde? Néanmoins, le monarque devra très vite cesser de les exhiber, bien avant même que Madame de Maintenon (surnommée «Madame de Maintenant») y mette bon ordre. Le programme s’ouvre avec des extraits de la Suite en la mineur de Robert de Visée, référence française du répertoire pour luth, théorbe et guitare, longtemps compositeur favori du Roy Soleil. Il se referme sur de brillantes Folias, Folia en portugais, Follia en Italie, Folies d’Espagne en français, dues à la plume de l’Italien Francesco Corbetta, célèbre guitariste du XVIIe siècle. Admiré et protégé par Louis XIV et Charles II d’Angleterre, Gaspar Sanz l’avait défini comme «le meilleur de tous». Entre Visée et Corbetta, nous est présenté tout un précieux florilège signé des compositeurs européens marquants de l’époque.
Daniel Robellaz