La cantate Ich habe genug de Bach, dans sa version pour contralto, est l’une des œuvres les plus émouvantes et introspectives du compositeur. Composée en 1727, cette cantate exprime un profond sentiment de contentement spirituel et de paix intérieure, en s’inspirant du récit biblique de Siméon, qui voit en l’Enfant Jésus la réalisation de ses espérances et peut ainsi s’en aller en paix.
L’air d’ouverture, « Ich habe genug », traduit une résignation sereine, tandis que l’aria « Schlummert ein, ihr matten Augen » invite à une douce quiétude, évoquant le sommeil comme métaphore de la mort.
Avec un accompagnement délicat de l’orchestre, dominé par le hautbois solo, cette cantate est une véritable méditation sur la mort, mais aussi une affirmation de l’espérance chrétienne. La voix de contralto y ajoute une dimension particulièrement intime et solennelle.
Composé autour de 1712, le Stabat Mater fait partie d’un ensemble d’œuvres religieuses que Vivaldi a écrites pour l’église de la Pietà à Venise, où il était maître de chapelle. Le célèbre texte a été écrit par Iacopone da Todi, est d’une grande force émotionnelle, décrivant la douleur de la Vierge Marie contemplant la crucifixion de son fils. Cette douleur maternelle, à la fois universelle et intemporelle, est magnifiquement traduite par Vivaldi à travers une musique profondément méditative et souvent dépouillée, où chaque note semble peser de tout le poids du chagrin.
La voix de contralto est au centre de cette œuvre, conférant une gravité et une solennité qui intensifient le caractère dramatique du texte. Vivaldi utilise cette voix pour exprimer non seulement la douleur mais aussi l’espoir et la rédemption, thèmes centraux de la foi chrétienne.
Ce qui est frappant dans cette œuvre, c’est l’économie de moyens avec laquelle Vivaldi parvient à créer une atmosphère d’une grande profondeur spirituelle. Contrairement à certaines de ses œuvres instrumentales plus flamboyantes, le Stabat Mater repose sur une simplicité apparente, mais derrière cette simplicité se cache une complexité émotionnelle qui touche à l’essentiel.
Le Nisi Dominus se base sur le texte du Psaume 126 (127) de la Bible. Ce psaume, qui commence par les mots « Nisi Dominus aedificaverit domum » (« Si le Seigneur ne bâtit la maison »), évoque la dépendance humaine à la volonté divine et l’inutilité des efforts humains sans la bénédiction de Dieu.
Vivaldi donne vie à ce texte biblique avec une écriture musicale riche et contrastée, alternant entre des moments de grande solennité et des passages plus légers et méditatifs. L’aria « Cum dederit dilectis suis somnum », avec son accompagnement doux et berçant, est l’un des passages les plus célèbres et représente un moment de grâce dans cette œuvre.
En neuf mouvements, Vivaldi explore une variété de couleurs et d’émotions, utilisant la voix de contralto pour exprimer tant la gravité que la tendresse, avec un usage magistral de l’orchestre pour soutenir et enrichir la texture musicale. Le Nisi Dominus est un exemple éloquent de l’art sacré vénitien et de la capacité de Vivaldi à fusionner la spiritualité et la virtuosité dans une œuvre d’une grande beauté.
Carlo Vistoli