Couronnement d’une vie particulièrement dédiée à la musique sacrée, la Messe en si ne résulte pas d’un geste unique. Son écriture s’est faite en trois étapes, occupant Bach un long quart de siècle. Dès 1724, à peine installé à Leipzig, il en compose le Sanctus ; en 1733, Dresde reçoit 21 parties séparées formant la Missa (Kyrie et Gloria, auxquels était joint le Sanctus) avec une dédicace à Friedrich August II, le nouvel Électeur de Saxe qui venait d’accéder au trône de Pologne sous le nom d’Auguste III ; enfin, de 1747 à 1749, Bach signe le Credo ainsi que les Hosanna, Benedictus, Agnus Dei et Dona nobis Pacem, ce dernier reprenant le majestueux Gracias du Gloria. Au chapitre des reprises, le Patrem omnipotentem provient du chœur d’ouverture de la Cantate 171 (Gott wie dein Name, so ist auch dein Ruhm), et le Crucifixus, du début de la Cantate 12 (Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen). Ce n’est qu’en 1833 que la Missa est publiée par l’éditeur Nägeli, de Zurich, tandis que la partition imprimée dans son entier voit le jour en 1845, à Bonn, quasiment un siècle après la mort de Bach. La Hohe Messe n’a jamais connu d’exécution intégrale du vivant de son auteur. Le premier concert public qui la fait entendre dans sa totalité semble remonter à 1859, soit neuf ans après la création, à Leipzig, de la Bach-Gesellschaft, sous l’impulsion, notamment, de Robert Schumann – création coïncidant avec le centenaire de la disparition du compositeur. Au bas du Gloria de la Messe en si, Bach a tout naturellement, comme à son habitude, inscrit la fameuse devise Soli Deo Gloria.
Daniel Robellaz