Festival BACH de lausanne
Baroque Academy

Notule du concert 10

Comment faire dire la polyphonie à un instrument essentiellement monodique? Avant Bach, le violon est déjà utilisé seul et sans soutien, plusieurs compositeurs allemands ayant, chacun à sa manière, fourni la réponse: Biber et sa prodigieuse Passacaille, couronnement magistral des Sonates du Rosaire, Johann Paul von Westhoff, Johann Jakob Walther, Thomas Baltzar, mais encore les Matteis, père et fils. Bach, sans doute initié à la tradition allemande des instruments polyphoniques par son jeune collègue Westhoff, devait ainsi se familiariser avec la technique des doubles cordes qui allaient devenir si importantes dans ses œuvres. Au même moment, il découvrait par son cousin organiste et compositeur Johann Gottfried Walther les sonates et les concertos italiens. Lui-même excellent violoniste, c’est de cet instrument que Johann Sebastian, dirigeait volontiers ses confrères. Lors des six très riches années passées à la résidence du prince Leopold à Köthen, entre 1717 et 1723, le génie de notre compositeur s’est traduit par une série d’œuvres capitales: Concertos Brandebourgeois, Suites pour orchestre, Clavier bien tempéré I, Suites anglaises, Suites françaises, Suites pour violoncelle et, donc, les Sonates et Partitas pour violon. À elle seule, la Chaconne de la Partita en ré est un monument limpidement complexe et de pure beauté. Si Bach doit tant à ses prédécesseurs, la portée de ces 3 Sonates et 3 Partitas (pour lesquelles Mendelssohn et Schumann ont écrit une partie d’accompagnement pianistique…) s’étendra par-dessus les siècles, marquant en profondeur les Bartok, Hindemith, Luciano Berio (Sequenza VIII) et Pierre Boulez (Anathèmes I & II).

Daniel Robellaz