Festival BACH de lausanne
Baroque Academy

Notule du concert 4

Un chef-d’œuvre, c’est peu dire. À une science d’écriture éblouissante s’allie une poésie des plus profondes. Et c’est toute l’architecture qui donne ici le vertige, chaque groupe de deux variations étant suivi d’un canon, de l’unisson à la neuvième. C’est dans sa haute maturité, sans doute vers 1740, que Bach écrit les fameuses et très virtuoses Variations Goldberg. À savoir, un thème (Aria, en réalité une sarabande lente), et 30 variations attestant l’imagination débordante de l’auteur, variations suivies du retour du thème en conclusion. Titre exact: Aria avec quelques variations pour clavecin à deux claviers. Et tant pis si la légende l’a emporté sur la vérité historique: n’a-t-on pas longtemps soutenu que l’œuvre avait été composée à l’intention du comte Herman Karl von Keyserling, ancien ambassadeur de Russie près la cour de Saxe. Lequel ambassadeur, souffrant d’insomnies et ne trouvant de véritable apaisement que dans la musique, en aurait, pour combler le vide de ses nuits sans sommeil, adressé la commande à Bach. Mission donnée à son protégé, Johann Gottlieb Goldberg – jeune claveciniste et compositeur formé à l’école des Bach – de lui administrer quotidiennement cette œuvre à titre de cure médicale d’ordonnance psycho-musicale. Longtemps, les Goldberg sont restées ignorées, ayant plutôt servi d’exercice pour les clavecinistes. Personne n’avait eu l’idée de les jouer en public, jusqu’à ce que Wanda Landowska, avant son exil aux USA, en donnât la création française en 1933. Depuis, ce haut chef-d’œuvre fait partie du répertoire des plus grand(e)s clavecinistes.

Daniel Robellaz