Festival BACH de lausanne
Baroque Academy

Notule du concert 6

Pour explorer les profondeurs expressives du Seicento, les compositeurs italiens ont adopté le lamento, ligne de basse répétée de quatre notes, dans des contextes sacrés et profanes, offrant aux chanteurs une idéale palette dramatique (chagrin, désir, désespoir, folie), et aux groupes de basse continue un terrain passionnant et coloré. Au cœur de ce programme, quatre lamentations de Marie illustrent différents aspects de la souffrance de Marie sous la Croix de Jésus. Hor ch’è tempo di dormire de Merula commence par une berceuse pour l’enfant Jésus et se poursuit avec les visions de Marie des souffrances à venir du Christ: la torture, la couronne d’épines, la Crucifixion et la mort. Le Lamento d’Ariane de Monteverdi, ici dans sa version latine, est sans doute le modèle le plus célèbre du genre lamentaire. Dans Pianto della Madonna, Sances, l’un des compositeurs européens les plus reconnus, utilise le texte médiéval du Stabat Mater pour décrire le récit de la Passion en se concentrant sur l’expérience et les émotions de Marie. Non pas les paroles de la mère de Jésus, comme chez Merula, mais d’un observateur, témoin et acteur de son deuil. Enfin, avec Queste pungenti spine (1637), Ferrari, chanteur, poète et théorbiste et l’une des figures marquantes des premiers opéras vénitiens, décrit de manière émouvante la couronne d’épines de Jésus et offre le dialogue d’un homme avec sa propre âme, méditant sur le récit de la Passion. Des pièces instrumentales complètent les lamentations vocales, abordant également la tristesse profane: chansons d’amour et airs d’opéra racontent des histoires de désir et de trahison, d’espoir ardent et d’amour perdu. Ainsi Alma mia de Cesti, et Si dolce è ‘l tormento de Monteverdi, qui évoque l’agonie douce-amère d’aimer quelqu’un(e) qui ne nous aime pas en retour, toutes époques confondues.

Daniel Robellaz