Le festin d’Alexandre ou le Pouvoir de la musique, Ode en l’honneur de sainte Cécile (Alexander’s Feast ot The Power of Musick, Ode in honour of St. Cecilia) a été inspiré à Haendel par un poème de John Dryden, poète et dramaturge anglais ayant exercé une forte influence au XVIIe siècle — Dryden repose dans le Coin des poètes, à l’abbaye de Westminster, non loin d’ailleurs de Haendel. Créée à Londres, au Théâtre Royal de Covent Garden, l’œuvre connaît le succès et sera jouée vingt-six fois, de 1736 à 1755, ce qui constitue un record pour l’époque. Les sept stances du texte de Dryden seront remaniées par le librettiste Newburgh Hamilton pour en faciliter la distribution en récitatifs, airs et chorals (Hamilton est aussi connu pour avoir été le librettiste de deux autres oratorios de Haendel, Samson et l’Occasional Oratorio). Par cette œuvre, Haendel a voulu démontrer la suprématie de la musique dont sainte Cécile est l’allégorie idéale sur toute autre forme d’art, elle seule étant, selon lui, capable de susciter les sentiments les plus divers et les plus profonds. En l’an 330 avant J.-C., dans la cité occupée de Persépolis, un banquet est tenu par Alexandre et sa maîtresse Thaïs. Par ses chants, le musicien Timotheus éveille chez les convives diverses émotions reproduites dans la rhétorique baroque : joie, fierté, piété, sublimité, amour, vengeance. L’œuvre se conclut sur une injonction : « Delenda Persepolis est ! » (Persépolis doit être détruite !), avant de faire entendre un choral final à la gloire de sainte Cécile et du pouvoir de la musique.
Daniel Robellaz