Que seraient Haendel et Bach sans l’Italie ? Georg Friedrich, après sa rencontre, en Allemagne, avec le compositeur Bononcini, s’y rend dès ses 21 ans pour compléter sa formation. Ce séjour fondateur lui donne l’opportunité d’intégrer le style italien dans sa propre musique. Après une première étape à Florence, il s’installe à Rome tout en séjournant ponctuellement à Naples et Venise – Venise où il découvre Vivaldi et l’opéra, dont il sera un des grands maîtres. C’est à Rome qu’il fait vraisemblablement la connaissance, entre autres, des Scarlatti père et fils, de Steffani et de Corelli, dont l’œuvre, en particulier le genre du concerto grosso, devait influencer de manière décisive tout le XVIIIe siècle. Natif de Halle, Haendel fut un nomade (après l’Italie, l’Angleterre), alors que la vie de Bach, tout au contraire, a été celle d’un sédentaire. À part un légendaire voyage qu’il fait à 20 ans, à pied, au cours de l’hiver 1705, pour aller écouter Buxtehude à Lübeck, la carrière de Sebastian se déroule dans les limites un peu étroites de sa Thuringe natale et en Saxe occidentale. Les partitions circulent à travers l’Europe, il découvre lui aussi la musique italienne, surtout Vivaldi qui l’éblouit, son aîné et pourtant le représentant d’un art plus moderne. Dès lors son écriture subit de profondes métamorphoses sur la forme, la souplesse mélodique, et un lyrisme, autant vocal qu’instrumental, irriguant le Nisi Dominus du Vénitien et le motet In furore… dont les airs se partagent entre colère et pleurs du repentir.
Daniel Robellaz