Le Romain Giacomo Carissimi laisse un impressionnant corpus de 207 œuvres (oratorios et motets sacrés en latin, 8 messes, 227 cantates profanes en italien, 4 cantates burlesques, 42 versets pour orgue dans les huit modes ecclésiastiques et un petit traité pratique de théorie et de composition, Ars cantandi.) Ordonné prêtre à 32 ans, ce musicien profondément modeste décline les offres pourtant avantageuses des cours de Bruxelles et d’Autriche et jusqu’à la Sérénissime, mais ne refuse pas que Christine de Suède, en exil à Rome, le nomme maître de chapelle de sa musique de chambre. Son œuvre immense est jouée partout, et la célébrité de Carissimi se répand dans toute l’Europe. Parmi ses nombreux héritiers, Alessandro Scarlatti et Marc-Antoine Charpentier. Avec Luigi Rossi, Carissimi est le créateur de la cantate italienne dont il porte le genre à un haut degré de perfection technique. Sous-titrée I naviganti, la cantate dramatique Sciolto havean dall’alte sponde dépeint le déchirement de deux amants dans une atmosphère livide et orageuse. Le trio final fut chanté à la cour d’Angleterre, devant le roi Charles II. Carissimi a pris cette cantate comme point de départ de sa messe-parodie du même nom. Dès le Kyrie, le matériel thématique de la cantate circule dans toutes les parties de la partition. Enfin, dans le Livre des Juges, Jephté, l’un des juges d’Israël, à la suite d’un vœu, sacrifie sa fille unique, vierge, la consacrant à Dieu. L’Histoire de Jephté est le plus célèbre des oratorios sacrés de Carissimi et l’un des plus beaux de tout le XVII^esiècle.

Daniel Robellaz