Londres, 22 novembre 1695. Henry Purcell, 36 ans, l’orgueil musical de la nation, l’Orpheus Britannicus, décède la veille de la Sainte-Cécile. Inconsolables, ses contemporains ont conscience de l’étendue de la perte irrémédiable que la musique anglaise vient de subir. Si les origines de sa famille restent une énigme (Angleterre du Moyen Âge ? Irlande dès le XIIe siècle ? France au temps de Guillaume le Conquérant ?), nous ignorons également la date exacte de la naissance de Purcell. Il est en revanche certain qu’un milieu familial très favorable, avec un père et un frère attachés tous deux à la Chapelle Royale et compositeurs pour les Violons du Roi, cela joint à des dons très précoces et un talent exceptionnel, ouvrent très tôt au jeune Henry un chemin au sein des plus prestigieuses institutions musicales londoniennes. À la maîtrise de la Chapelle Royale, le garçon reçoit une excellente éducation générale, surtout en musique : chant, écriture, latin, instruments (viole, luth, orgue) et composition. Précoce ? Dès l’âge de huit ans il voit sa première œuvre publiée à Londres dans le recueil Catch that Catch can. Malgré une vie brève, Purcell s’est illustré avec un rare bonheur dans l’opéra (un seul, Didon et Énée, composé pour une école de jeunes filles), dans le théâtre, les chansons (sur des textes parfois licencieux), le domaine sacré ainsi que la musique instrumentale (une écriture à hauteur d’un Bach). Enseveli au pied de l’orgue de l’Abbaye de Westminster dont il fut titulaire, John Dryden et Haendel continuent de veiller sur lui.
Daniel Robellaz