Des cinq postes que Bach occupe au cours de sa carrière, les deux premiers, à Arnstadt et à Mühlhausen, étaient des fonctions d’organiste attaché à une paroisse sans avoir à composer de cantate. À Weimar, il est d’abord organiste, puis concertmeister, chargé de fournir et de faire exécuter une cantate chaque mois. Lorsqu’il rejoint la principauté d’Anhalt-Köthen, il abandonne une carrière d’organiste qui l’aura occupé quinze longues années, tout en continuant à se produire en récital et à réaliser des expertises. À Köthen, il est capellmeister et directeur de la musique de la principauté calviniste. Ce nouveau poste excluant toute obligation d’ordre liturgique, Bach y avait néanmoins la responsabilité de toute la musique de la cour du prince Leopold, lui-même très musicien. C’est l’époque des chefs-d’œuvre de musique instrumentale, Brandebourgeois, Suites pour violoncelle seul, Sonates et Partitas pour violon seul, le Premier cahier du Clavier bien tempéré, la 3^ème Ouverture/Suite dans sa version pour cordes seules. C’est enfin à Leipzig, où il demeure pendant vingt-sept ans jusqu’à sa mort, qu’il aura l’obligation de présenter une cantate nouvelle de sa composition chaque dimanche et fête, au prix d’un labeur harassant. Weimar et Leipzig sont ainsi les deux périodes principales au cours desquelles Bach livre ses inestimables cantates, dont trois, particulièrement magnifiques, sont inscrites à ce programme : à Weimar, Widerstehe doch der Sünde, et à Leipzig, Ich habe genug en ses trois versions (pour voix de basse, pour soprano, pour alto) et Vergnügte Ruh.

Daniel Robellaz